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Le texte proposé est un extrait de La théorie des sentiments moraux, écrit par le philosophe Adam Smith en 1759. L’auteur met en avant une réflexion morale et juridique sur le sujet des comportements des hommes, et plus particulièrement sur les notions de justice, de punition et de responsabilité. 

Le passage étudié traite de la négligence et de ses impacts, à la fois moraux et juridiques. L’auteur élabore une problématique sur la pertinence d’une sanction lorsqu’il y a un comportement imprudent mais qui ne cause aucun dommage. 

Selon Adam Smith, la négligence est assimilée à la notion d’injustice. En quoi cette négligence peut-elle justifier une sanction même en l’absence de préjudice ? 

Dans une première partie, nous proposerons une reformulation du texte, afin d’en faciliter sa compréhension progressive. La deuxième partie traitera des enjeux philosophiques présents dans l’extrait. Dans la dernière partie, nous répondrons à la problématique centrale.  

PARTIE 1 : Compréhension progressive du texte par la reformulation

La punition, méritée même lorsqu’il y a absence de dommages 

« Il est un degré de négligence qui paraitrait mériter une punition quoique cette négligence n’occasionne aucun dommage à personne. »

Dès cette première phrase, Adam Smith part du principe que même les négligences sans conséquences sont moralement répréhensibles et doivent donc être punies. Cette idée s’oppose à ce qui est en vigueur dans la loi, à savoir que seules les actions engendrant un dommage méritent une sanction. Smith parle de la dangerosité des actes, et non pas de ses effets. 

Un exemple concret 

« Si une personne jetait une grosse pierre dans une voie publique, du haut d'un mur, sans en avertir les passants, et sans regarder où elle pourrait tomber, elle mériterait certainement une punition. »

Ce geste expose autrui à un danger, même sans intention de faire du mal. Smith met en avant l’irresponsabilité de l’auteur des faits. 

La négligence comme forme d’injustice 

« Une police vraiment exacte châtierait une action si absurde, même si elle n’avait fait aucun mal. »

Smith parle d’une police plus « exacte », une police qui punirait ce type de comportement. Selon lui, il est nécessaire de prévenir les risques, car il est trop tard de réagir après les faits. 

Négligence et malveillance 

« Une négligence grossière est donc, selon la loi, presque l'équivalent d'un dessein malveillant. »

Pour l’auteur, certaines formes de négligences sont liées à une volonté de faire le mal. Dans le droit pénal, il existe une distinction entre dol et faute grave, et cela est ici remis en question.

Exemple du droit Écossais

« Si une personne en tue accidentellement une autre par l'action imprudente, mentionnée ci-dessus, elle est, selon les lois de nombreux pays, et notamment, selon la vieille loi d'Écosse, passible du châtiment suprême. »

L’auteur cite le droit écossais : les homicides quels qu’ils soient sont passibles de mort. Il finit par mettre en avant le fait que sans dommages causés, une peine trop forte est injuste, la punition doit donc rester proportionnelle aux effets. 

PARTIE 2: Les enjeux philosophiques 

La justice contre l’intention

Le texte met en avant à la fois la responsabilité morale et juridique, en établissant une différence entre le résultat objectif d’une action et l’intention de son auteur. 

D’une manière générale, la justice valorise les intentions, il n’existe pas de crime sans volonté de nuire. Pour Smith, cela doit être nuancé, car une faute grave peut justifier une punition, même si faite par insouciance. Cela lui permet d’anticiper certains points du droit pénal.  

L’ordre social et la prévention des risques 

Smith parle d’une vision communautaire de la morale. Pour lui, les individus ne doivent jamais créer de situations potentiellement dangereuses, il est important de prendre en compte le principe de prévention. Cette prévention est d’ordre sociale, elle doit avoir pour base le respect de chacun. Il est question ici d’éthique de la responsabilité. 

L’ambiguité des sentiments moraux des individus 

Le texte traite des réactions émotionnelles, Adam Smith parle de la punition excessive et s’indigne tout autant contre les actes imprudents des individus. Selon l’auteur, le jugement moral est très complexe, il n’est pas toujours logique, il repose sur un équilibre entre plusieurs sentiments, comme le fait d’éprouver de la sympathie pour la victime notamment.

PARTIE 3: Problématique générale 

La problématique soulevée par le texte 

Le texte soulève par conséquent une problématique centrale, liée au domaine du droit, mais également à la morale. Est-il pertinent de punir une faute qui n’a pas de conséquences néfaste sur autrui ? 

Le point de vue de l’auteur

Dans le texte, le point de vue de l’auteur apparait donc comme étant clairement nuancé. Il répond oui, mais uniquement si la faute en question fait apparaitre un mépris envers les autres individus et s’il y a une mise en danger délibérée. Toutefois, il nuance également ses propos en répondant également non, car il est contre toute punition qui apparaitrait comme étant démesurée, la punition devant être proportionnelle à la faute commise. 

Smith recherche donc un équilibre entre l’intention de l’auteur de la faute, la gravité de la faute et les conséquences de cette dernière, à la fois juridique et morale. 

Le débat proposé par Adam Smith reste très actuel. Notre société est la preuve que chaque jour, la responsabilité demeure une problématique, à la fois d’un point juridique mais aussi social. Jugements d’imprudents, comportements dangereux, où commence la responsabilité de quelqu’un, où s’arrête le droit de donner une sanction ? 

Conclusion 

Dans ce texte, Adam Smith souhaite démontrer que la négligence peut représenter une faute, à la fois morale et juridique et que cette dernière mérite une punition. Il donne l’exemple de la pierre, qui relève d’une mise en danger délibérée et qui se situe contre le savoir vivre en société. 

Il nuance toutefois, en établissant une proportionnalité entre faute et punition. Ce texte représente une manière de réfléchir sur les fondements de la justice, surtout d’un point de vue moral. Les actes peuvent ainsi être jugés en fonction de leur portée sociale et morales, et pas uniquement en fonction de leurs conséquences. Pour qu’une justice véritable existe, il doit y avoir un respect entre les individus, et ce même et surtout dans la vie de tous les jours.

https://www.economie.gouv.fr/facileco/adam-smith#:~:text=Pour lui, seule l'efficacité,à l'intérêt général ».

https://www.lemonde.fr/campus/live/2025/06/16/en-direct-bac-de-philo-2025-la-technique-la-verite-john-rawls-en-commentaire-de-texte-posez-vos-questions-sur-les-sujets_6613489_4401467.html