Le mythe d'Oedipe est essentiellement connu du grand public, au XXème siècle, à travers l'utilisation théorique qu'en a fait l'inventeur de la psychanalyse, Sigmund Freud, pour forger le concept de « complexe d'Oedipe ».
[...] /Mais enfin tout à coup, sans changer de visage, / Du mort qu'elle contemple elle imite la rage, / Se saisit du poignard, et de sa propre main / À nos yeux comme lui s'en traverse le sein. / On dirait que du ciel l'implacable colère / Nous arrête les bras pour lui laisser tout faire. / Elle tombe, elle expire avec ces derniers mots : / « Allez dire à Dircé qu'elle vive en repos, / Que de ces lieux maudits en hâte elle s'exile ; / Athènes a pour elle un glorieux asile, / Si toutefois Thésée est assez généreux / Pour n'avoir point d'horreur d'un sang si malheureux." Enfin, Oedipe n'utilise pas les agrafes d'or de la robe de Jocaste pour se crever les yeux, mais se les arrache, comme dans la version de Sénèque. [...]
[...] Mon souvenir n'est plein que d'exploits généreux ; Cependant je me trouve inceste et parricide, Sans avoir fait un pas que sur les pas d'Alcide, Ni recherché partout que lois à maintenir, Que monstres à détruire et méchants à punir. Aux crimes malgré moi l'ordre du ciel m'attache : Pour m'y faire tomber à moi-même il me cache ; Il offre, en m'aveuglant sur ce qu'il a prédit, Mon père à mon épée, et ma mère à mon lit. Hélas Qu'il est bien vrai qu'en vain on s'imagine Dérober notre vie à ce qu'il nous destine Les soins de l'éviter font courir au-devant, Et l'adresse à le fuir y plonge plus avant. [...]
[...] Le mythe d'Oedipe est issu de deux épopées disparues, L'Oedipie et La Thébaïde. Le cycle Thébain narre la vie des fondateurs de Thèbes (famille des Labdacides): Polydore, père de Labdacos, père de Laïos, père d'Oedipe. Oedipe est donc, tout comme Jocaste (qui appartient à la même lignée), de sang rival. Tout cela, les spectateurs de Sophocle le savaient. De même qu'il connassaient l'histoire d'Oedipe, de sa naissance maudite à son mariage avec Jocate et à sa paternité. Seules les issues de la malédiction restent ouvertes. [...]
[...] Il est notable que, la malédiction de Laïos étant absente d'Oedipe Roi, le malheureux héros de la pièce est maudit sans raison, ce qui instaure le destin tragique de celui qui est à la fois innocent et coupable. Sophocle, né en 496 ou 495 avant J.C. à Colone (où il situe sa dernière tragédie) près d'Athènes, est le fils d'un notable, Sophilos. Il reçoit une excellente éducation, en particulier en musique et en sport. A l'âge de seize ans, il conduit le choeur du triomphe de la victoire de Salamine. Il appartient à la même génération que Périclès, vit l'apogée de sa ville, participe tout au long de sa vie à la politique. [...]
[...] Quels passages du texte Pasolini garde-t-il dans l'imploration du prêtre (jouée par lui-même)? Pasolini déclarait: « J'ai tenu le rôle du grand prêtre pour deux raisons: parce que je n'avais pas trouvé de personne adéquate et parce que la longue phrase que je récité est la première du texte de Sophocle - la tragédie commence ainsi - et il me plaisait en tant qu'auteur, d'introduire moi-même Sophocle dans le film. » Comparez la scène de la mort de Jocaste et de la mutilation d'Oedipe dans les deux oeuvres Vers 1260-1267: « Subitement, il pousse un cri terrible et, comme mené par un guide, le voilà qui se précipite sur les deux vantaux de la porte, fait fléchir le verrou qui saute de la gâche, se rue enfin au milieu de la pièce . [...]
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