Henri Bergson (le rire) - publié le 12/08/2020

Extraits

[...] Il est en même temps une mise en relation des différentes subjectivités. En critiquant l'objectivité du langage qui existe au détriment des individualités, le raisonnement de Bergson, à l'instar du phénomène qu'il questionne, se retrouve lui-même face à une contradiction : comment peut-on prétendre défendre la subjectivité tout en l'oubliant ? Ce texte de Bergson a le mérite de proposer une vision du langage radicale pour l'époque. Il est sain de questionner les structures fondatrices de nos sociétés, que l'on a trop souvent tendance à prendre pour acquises et parfaites. [...]

[...] Le raisonnement de Bergson semble tendre vers une réponse à l'affirmative. L'extrait semble globalement découpé en deux parties. Dans la première, l'auteur pose les bases de son raisonnement, en démontrant le caractère arbitraire et utilitaire du langage. Puis, il applique cette logique aux sentiments humains, dans le but de montrer que le langage coupe les êtres humains de leur propre individualité. Néanmoins, Bergson ne semble considérer le langage que de manière unilatérale et finalement subjective. Sa théorie est que le langage est objectif par commodité. [...]

[...] Le langage est un thème vaste qu'il est possible d'étudier par le prisme de nombreuses disciplines. Le fait de mettre en lumière les contradictions inhérentes à l'être humain, à la vie en société et à la communication est toutefois vital, et le texte de Bergson, par son caractère presque provocateur, permet de lancer le débat sur la nature du langage, des émotions, sur l'inné et l'acquis ainsi que sur la subjectivité des sentiments, qui ne restent finalement que des réactions chimiques produites à l'intérieur du cerveau. [...]

[...] Dans le texte, l'exemple utilisé par Bergson est par bien des aspects similaires. Selon lui, les artistes possèdent également cette capacité à traduire, à utiliser et comprendre des mots pour atteindre l'essence des émotions. Il oppose presque strictement les gens normaux, qui ont un usage normal et utilitariste du langage, et les « romanciers, poètes, musiciens ». L'argument avancé par Bergson dans le texte est donc très clair et peut se résumer ainsi : le langage est par définition objectif ; la vie, c'est-à-dire les perceptions des mondes extérieur et intérieur des individus, est subjective. [...]

[...] Bergson semble les tenir en haute estime, ce qui est tout à fait compréhensible, mais qu'est-ce qui différencie réellement leurs mots de ceux du commun des mortels ? La réponse est simple : la maitrise qu'ils en ont. La sensibilité artistique ne tient pas à une intervention quasi divine, mais au recul que l'on est capable d'avoir sur soi-même, et aux connections que l'on est capable de faire entre des sujets. Tout cela peut se travailler. A l'école, on apprend à utiliser les mots pour transmettre des idées. [...]