Le problème du fondement de la connaissance traverse la philosophie moderne. Leibniz est un des grands représentants de cette tendance, qui va de Descartes à Kant, pour ne citer que les philosophes les plus importants. Dans ses Nouveaux essais sur l'entendement humain, Leibniz s'intéresse à l'entendement, c'est-à-dire à l'ensemble des facultés de comprendre chez l'homme.
[...] Dans une première partie, de « Les sens [ . ] » à « [ . ] des vérités particulières ou individuelles », Leibniz explique que les sens permettent d'atteindre certaines connaissances, mais pas toutes. Il s'agit de la première partie de la démonstration, où l'hypothèse est posée. Les sens sont les vecteurs de nos « connaissances actuelles », c'est-à-dire les connaissances en tant que nous y sommes présents avec attention. C'est une connaissance dont les sens sont la seule médiation, dans le moment présent, la première impression du monde qui nous entoure. [...]
[...] Il s'agit de la partie centrale du raisonnement, la plus riche, car c'est l'argument, introduit par « Or », qui permet de passer de l'hypothèse à la conclusion. Ici, Leibniz insiste sur l'impossibilité d'établir des relations de nécessité à partir des exemples que sont les données sensorielles. La nécessité est le caractère de ce dont le contraire n'est pas possible. En effet, ici Leibniz réfute la possibilité pour l'induction de produire des vérités universelles. Une chose en effet est de tirer de l'expérience des lois générales ; une autre est de tirer de la raison des lois universelles. [...]
[...] Les sens sont les diverses fonctions de la sensibilité (la vue, l'ouïe, l'odorat, etc.). Les données sensorielles sont donc les données de l'expérience en tant qu'elles sont filtrées par les sens qui nous les rendent accessibles sous une certaine forme. Aussi demandons-nous avec Leibniz : dans quelle mesure les sens permettent-ils de fonder une connaissance ? Si les sens permettent une connaissance en acte du particulier au quotidien ils ne peuvent permettre d'établir des vérités nécessaires même s'ils permettent d'en avoir l'intuition (III). [...]
[...] ] on ne se serait jamais avisé d'y penser », Leibniz déduit que les sens ne permettent que d'avoir l'intuition des vérités nécessaires. Il s'agit de la conclusion du raisonnement, introduite par « D'où ». Les vérités pures de la nécessité sont les règles qui s'appliquent universellement, sans exception. Elles ne peuvent donc absolument pas être fondées sur des exemples : les exemples n'en sont, au contraire, que des illustrations. Les principes purs de la nécessité peuvent être prouvés par des déductions, et non des inductions. [...]
[...] Si l'induction n'est pas une méthode scientifique, l'intuition qui en est la source peut conduire celui qui en est capable à les démontrer, car avant il n'en avait pas l'idée. Ainsi, l'argumentation de Leibniz est plus complexe qu'elle n'y paraît. Les sens ne peuvent intervenir dans la démonstration de vérités générales du fait de leur caractère d'exemple. Néanmoins, si « les sens ne donnent jamais que des exemples », les exemples permettent d'avoir l'idée de l'existence de ces vérités générales. [...]
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