En complément à votre phase exploratoire, il est souvent très utile d’élaborer un protocole de recherche préliminaire, même succinct, avant de lancer quoi que ce soit. Ce protocole ne tient pas du formalisme rigide, mais d’une feuille de route : il structure votre objectif, précise les méthodes envisagées (lecture, entretiens, observation), et esquisse un calendrier simple. C’est un excellent repère pour ne pas se disperser, garder le cap et partager clairement vos intentions avec votre directeur de mémoire. Les spécialistes en méthodologie soulignent que ce repère améliore la cohérence, renforce la rigueur et prépare d’ores et déjà le passage vers la phase empirique ou quantitative substantiée.
I - Analyser son sujet
Avant tout, commence par vous demander : « vraiment, de quoi je parle ? » Par exemple, si votre sujet initial concerne les réseaux sociaux et les adolescents, vous pourriez glisser vers un focus plus précis, du type « Instagram et estime de soi chez les filles de 13 à 16 ans ». Cette précision permet d’éviter un mémoire trop vaste et hors piste. Vous repérez ainsi un cadre, une population, une question à explorer. On ne s’attaque plus à l’immense, mais à l’intelligible.
II - Se renseigner
Ensuite, vous plongez dans la littérature : vous allez fouiller sur Cairn, Persée, Google Scholar, repérer ce qui se dit sur votre sujet, mais surtout noter ce qui manque, ce qui est mal traité, ce qui pourrait ouvrir une voie intéressante. Et surtout, vous prenez des notes immédiatement : auteur, date, approche, points forts et limites. Vous avez en tête la suite : construire un squelette solide pour votre travail. Vous vous surprenez parfois à voir une idée poindre, un angle que vous n’avez jamais envisagé. À ce stade, votre phase exploratoire est un terrain de jeu où vous piétinez, grattez, observez.
Il arrive que vous réalisiez qu’il faudrait interroger de vraies personnes. Vous vous dites : « pourquoi ne pas tester un petit entretien informel ? » En psychologie, marketing, travail social, l’entretien exploratoire ou l’observation informelle peuvent faire une différence. Vous posez la question à un étudiant, à un parent, à un professionnel, vous ressentez l’énergie d’un terrain réel. Et hop, parfois vous revoyez vos hypothèses en intégrant un mot, un usage, un sentiment nouveau que vous n’aviez pas repéré dans la littérature.
III - Les premières constatations
Et justement, les hypothèses. Une fois que vous avez un cadre, un socle de références et éventuellement des idées venant du terrain, vous pouvez formuler des hypothèses de travail. Pas l’horreur de la science, mais plutôt des pistes : « Instagram influence sur l’image du corps par comparaison sociale » ou « le stress perçu dépend des facteurs cognitifs et sociaux chez les premiers années ». Ce ne sont pas des affirmations définitives, juste des premiers pas de réflexion. L’idée est précisément de garder de la souplesse, de faire évoluer vos pensées plutôt que de les figer.
IV - L’importance d’être relu
La phase exploratoire ne se fait jamais totalement toute seule. Vous avez besoin de votre directeur ou d’un binôme pour échanger sur vos avancées. Ces discussions permettent de corriger les angles morts : trop vague, trop large, pas assez documenté. Ce double regard est surtout précieux pour dénicher des références pertinentes, glanées dans les expériences de votre encadrant. Et c’est aussi un bon moment pour vous rassurer : ce cheminement, parfois globalement désordonné, est normal et même souhaitable.
V - L’organisation informatique
En parallèle, vous organisez tout. Zotero, mindmap, tableurs, carnets : vous notez chaque lecture, chaque citation, chaque idée. Pourquoi ? Parce qu’un mémoire, c’est aussi une question d’organisation. Si vous perdez une référence au fin fond de votre esprit, ou pire, que vous oubliez d'intégrer un auteur cité, tout votre plan peut s’effondrer. Alors vous découpez, vous taguez, vous relisez, vous sauvegardez. Vous passez de la lecture brute à l’ébauche claire, prête à être rédigée.
VI - Les retours en arrière
Peut-être que pendant ce tremplin, vous vous rendez compte que votre sujet mérite un ajustement. Et c’est très bien ! Ce n’est pas un échec, c’est la preuve que vous avancez. La phase exploratoire est faite pour ça : elle vous permet d’éprouver, d’ajuster, de faire évoluer votre projet. Vous faites cohabiter littérature, terrain, hypothèses, ressenti personnel, retours encadrant. Et vous générez petit à petit cette fameuse problématique rigoureuse, prête à porter le détail de votre démarche.
Pour vous inspirer, voici deux scénarios concrets. En psychologie, vous commencez par « le stress chez les étudiants », vous lisez Lazarus, vous testez un questionnaire en ligne, vous entrevoyez déjà les leviers cognitifs et sociaux, et votre problématique devient : « quels sont les déterminants cognitifs et sociaux du stress chez les évousdiants de première année ? ». En marketing, vous démarrez avec « publicité et comportement d’achat », vous plongez dans le neuromarketing, vous discutez avec un chargé de communication, vous combinez classes théoriques et terrain, et vous arrivez à : « comment les publicités émotionnelles influencent-elles l’achat impulsif des jeunes adultes ? ». Deux parcours différents, un processus commun : creuser, tester, ajuster.
Conclusion avec références citées
La phase exploratoire, c’est l’instant où vous passez de l’idée brute au projet guidé et crédible. Vous trouvez votre cadre, vous fouillez la littérature, vous testez sur le terrain, vous construisez vos premières hypothèses, vous ajustez avec votre encadrant et vous organisez tout de manière systématique. Rien n’est gravé dans le marbre : l’important est d’avancer avec rigueur, curiosité, réflexivité. N’hésitez pas à reformuler, recadrer, relire. Pour appuyer votre méthodologie, vous pouvez citer Beaud & Weber (Guide de l’enquête de terrain), Quivy & Van Campenhoudt (Manuel de recherche en sciences sociales), Bardin (Analyse de contenu), Lazarus (Emotion and Adaptation), ainsi que des guides pratiques comme ceux trouvés sur MyStudies.com. Les ressources citées soutiennent votre démarche, et vous restez dans un registre académique sérieux.