Introduction 

La pièce On ne badine pas avec l’amour est écrite en 1834 par Alfred de Musset. Il s’agit d’une pièce à la fois tragique et provocatrice, avec des airs de drame passionnel. L’intrigue met en scène Perdican et Camille, qui sont destinés au mariage, mais dont la tournure va être emplie de malentendus dramatiques. Toutefois, une question peut être soulevée : les personnages s’affrontent t’ils de manière sérieuse dans ce texte? 

Dans une première partie, nous parlerons de la légèreté apparente avec laquelle l’œuvre est traitée. Il sera question essentiellement du badinage entre les personnages, qui associe manipulation et fierté. 

Ensuite, nous décrirons les diverses visions du monde, celle de Camille, puis celle de Perdican. Nous ferons le lien avec la critique sociale qui en découle. 

Enfin, une dernière partie sera consacrée à la tragédie qui est dissimulée sous la comédie apparente. 

 

I - La légèreté apparente de la pièce : le badinage comme outil psychologique entre les personnages 

Entre spiritualité et mondanité 

Au début de la pièce, Perdican et Camille s’affrontent dans une sorte de jeu mondain. La pièce ressemble alors davantage à une comédie, avec son ton léger et presque humoristique. Les dialogues apparaissent comme étant vifs et joyeux. Il y a une sorte de séduction liée à la moquerie, et à ce moment-là de la pièce, toute forme de conflits semblent superficiels, faux. Les deux jeunes gens, qui sont les personnages principaux, rivalisent certes, mais semblent y prendre du plaisir, comme si tout cela n’était qu’un jeu. Cette manière de parler est très propre à l’aristocratie de l’époque, où les sentiments ne se dévoilent pas.  

Entre manipulation et fierté 

Malgré tout, malgré l’existence d’un badinage plutôt frivole, il existe une vraie forme de manipulation entre les personnages. Camille et Perdican cherchent à se manipuler l’un l’autre, en séduisant d’autres personnes ou en faisant semblant de ne rien ressentir. 

Cela montre qu’il n’y a pas vraiment de détachement, l’affrontement est donc davantage qu’un simple jeu, il y a un but à tout ceci. « Ils veulent se faire aimer avant d’aimer eux-mêmes; ils veulent être assurés de la victoire avant le combat. »

Le badinage est donc une manière de cacher les vrais sentiments et la peur de souffrir. 

II - Les différentes visions du monde des personnages 

Camille : la notion de sacrifice et de soupçon

Camille n’a pas une vision positive de l’amour, bien au contraire. Elle considère plus ou moins les hommes comme étant tous les mêmes, à savoir superficiels et volages pour la grande majorité. Pour elle, l’amour est une sorte de menace, à la fois pour sa liberté mais aussi pour son intégrité morale. « Toutes les femmes ne sont pas nées pour être aimées ».

Pour Camille, l’amour n’a rien de romantique, bien au contraire. Il n’y a rien d’exaltant, elle refuse de tomber amoureuse, d’aimer de manière sincère. On note de la peur dans son comportement. Lorsque le lecteur a compris cela, l’affrontement initial entre les deux personnages ne ressemble plus à un jeu, mais à quelque chose de plus profond, à la fois sur la place de la femme dans la relation amoureuse, mais aussi sur la place de la femme au sein même de la société. 

Perdican : le romantique idéaliste 

Perdican demeure avant toutes choses un idéaliste. Il est romantique, passionné, sincère. Il croit en l’amour véritable, en un idéal amoureux. Toutefois, Perdican est également orgueilleux et cet orgueil l’empêche de se montrer sous son vrai jour, l’empêche d’exprimer sa sincérité envers Camille. 

Dans la pièce, il se sent rejeté par la jeune femme, et il va se venger en jetant son dévolu sur Rosette. 

A ce moment-là de de la pièce, il y a quelque chose d’important qui se joue. Le duel n’est plus uniquement un duel amoureux, mais un combat moral et psychologique. Perdican utilise Rosette, qui est naïve, et cela demeure cruel. 

La critique sociale 

Il y a un autre type d’affrontement dans cette pièce qui peu à peu se dessine. Deux mondes apparaissent : celui des nobles et celui représenté par le peuple. Les nobles sont Camille et Perdican et Rosette représente le peuple. Rosette va directement subir les conséquences de l’affrontement entre les deux personnages principaux. 

Il y a donc bien un affrontement que l’on peut qualifier de social. Dans une certaine mesure, Camille et Perdican sont victimes de leur statut, de leur rôle à jouer dans la société. C’est là que le lecteur peut s’apercevoir que leur conflit peut rapidement devenir tragique. 


III - La comédie amoureuse qui cache une réelle tragédie 

Rosette comme la victime innocente par excellence

Dans On ne badine pas avec l’amour, Rosette possède une place centrale, un rôle clé dans l’intrigue et dans les affrontements entre Camille et Perdican. 

Rosette va permettre au lecteur de s’apercevoir que la pièce n’est décidément pas une comédie, mais une réelle tragédie. En effet, grâce à sa présence, il est possible de voir la gravité des conflits entre les deux personnages. 

Elle meurt, elle se suicide, ou, selon la vision de chacun, va mourir de chagrin. Cela permet à tout un chacun de voir que les jeux amoureux peuvent avoir des conséquences désastreuses, des conséquences à la fois irréparables et dramatiques. 

La morale de l’histoire apparait donc comme étant évidente : on ne badine en effet pas avec l’amour. 

La réalisation des actes des personnages 

Camille et Perdican réalisent bien trop tard les conséquences de leurs actes, Rosette est déjà morte. Ils s’avouent leur amour mutuel, « je vous aimais, Camille », « je vous aimais aussi Perdican », mais il est trop tard. 

Camille et Perdican se sont montrés fiers et arrogants, et cela a coûté la vie à une jeune fille naïve et innocente. Le titre est plus qu’une mise en garde, c’est une condamnation contre la cruauté des deux personnages, et surtout de Perdican.  

Une dimension à la fois morale et romantique 

Musset mélange toutes formes de sentiments dans la pièce : la révolte, le tragique, l’amour, la fierté, l’orgueil, mais aussi une profonde critique sociale. 

Comme il est de coutume de le faire dans les pièces de l’époque, les rires servent à cacher les larmes, l’amour est intimement lié à la mort et des tensions de toutes sortes se dessinent entre les personnages. 

 

Conclusion 

La pièce On ne badine pas avec l’amour est loin d’être une simple histoire d’amour et d’hésitation entre deux personnages, mais bel et bien un récit tragique qui contient des affrontements profonds. Les personnages s’affrontent donc sérieusement, la pièce reflète un ensemble de questions existentielles sur la société de l’époque.